Agit’Acteurs #2 : faire avancer ensemble la transition  énergétique 

Coup d’œil sur la deuxième édition des Agit’Acteurs

Pour cette deuxième édition des Agit’Acteurs, la Fédération Cinov réunissait ce jeudi 30  novembre 2023, à l’espace Cléry (2e arr.) une centaine de personnes pour échanger autour d’un défi qui nous concerne tous : la transition écologique. Un sujet crucial sur lequel les métiers des bureaux d’études jouent un rôle premier. En effet, les décisions prises aujourd’hui ont le pouvoir de façonner durablement notre environnement. De nombreux experts étaient au rendez-vous pour partager une vision commune des transformations indispensables de nos modes de vie. 
 

Réfléchir à l’influence de notre profession sur l’avenir 

C’est l'invitation de Julien Mercier, Vice-Président à l’innovation de la Fédération Cinov, en ouverture de soirée. “En tant que professionnels, nous avons cette capacité unique de guider, influencer et mettre en œuvre des stratégies efficaces, pour un avenir plus vert”. Si des sujets techniques seront bien entendu traités, c’est surtout le volet social et humain qui sera questionné et notamment “l’acceptabilité des changements nécessaires”. 

“Quel rôle pouvons-nous endosser pour que nos actions d’aujourd’hui ne compromettent pas la qualité de vie des générations futures ? Face à l’importance de la tâche à venir, chaque innovation, chaque conseil porte en lui le potentiel du changement.” Bref, une soirée porteuse de riches débats pour explorer jusqu’où notre métier et ses compétences peuvent faire avancer la transition écologique. 

Prendre de la hauteur avec Antoine Buéno 

Antoine Buéno, Auteur et Conseiller au Sénat spécialisé dans la prospective, l’utopie, l’environnement et les nouvelles technologies, était l’invité de notre première partie de soirée. Son dernier essai, Faut-il une dictature verte ?, est paru chez Flammarion le 18 octobre 2023.

La France peut-elle se réinventer pour éviter un avenir de crises écologiques, technologiques et sociales ? C’est la question à laquelle Antoine Buéno a essayé de répondre lors de ce grand entretien.  « Nous avons vaincu l'incertitude quotidienne dans laquelle l'humanité a vécu 97% de son histoire… et pourtant, le monde n'a jamais été aussi incertain ! Est-ce que cela nous condamne à n'avoir aucune prise sur l'avenir ? Pas forcément. » Selon lui, l’anticipation est compliquée, mais pas impossible.

Alors que nous dit la prospective au sujet de la transition écologique et de l’avenir de la France ? Nous dit-elle qu’on va dans le mur ? Aujourd’hui, ce mur, c’est l’effondrement. Le devenir de la croissance dépend d’un enjeu central : celui de l’énergie (il pourra encore y avoir de la croissance s’il y a encore assez d’énergie). Pour répondre à cette question, trois hypothèses prospectivistes existent : 

• d’abord, celle de l’impossibilité d’une transition énergétique conduisant de fait à l’effondrement ou à la décroissance (organiser le rationnement plutôt que subir la pénurie), 
• l’hypothèse transhumaniste de l’énergie illimitée demain (utopiste), 
• et enfin plus probablement : la possibilité d’une transition sans effondrement ni décroissance, en déverrouillant notre système économique mondial, grâce à la démocratie directe et une réorientation du capitalisme. 

“Si notre époque est sans doute la plus incertaine de tous les temps, nous n’allons toutefois pas forcément droit dans le mur… Nous pouvons agir en responsabilisant les citoyens et en adoptant d’ambitieuses mesures pour la protection du climat.”

Croiser les regards pour réfléchir au futur de la transition énergétique  

Et s’il fallait plus de radicalité pour répondre aux enjeux de sauvegarde de notre planète ?  Thierry Salomon, Porte-parole de négaWatt, Raphaël Gerson, Conseiller Scientifique et Technique à l’ADEME et Zeynep Kahraman-Clause, Économiste et responsable des relations avec le monde académique du Shift Project, étaient là pour répondre à cette question autour d’une table-ronde passionnante. 

Selon Raphaël Gerson, “il faut aussi sortir du triangle de l’inaction en attendant que l’Etat avance, que les entreprises changent. Les citoyens doivent s’engager tout en étant accompagnés. À l’ADEME, aucun de nos scénarios n’est décroissant. Il y a un consensus sur le fait qu’il faut changer. Il faut sortir de l’idée que la France ne représente que 1% des émissions de gaz à effet de serre. Il faut mettre fin au climato-relativisme”. Pour Thierry Salomon, parvenir à cette nécessaire transition nécessite des arbitrages compliqués : “On a besoin de volontés, de connaissances, d’autant que les bénéfices ne sont pas forcément à court terme.” Enfin pour Zeynep Kahraman-Clause, un Plan de transformation de l’économie française semble indispensable. Ce dernier vise à proposer des solutions pragmatiques pour décarboner l’économie en favorisant la résilience. « On ne pense pas aux coûts : on regarde secteur par secteur ce qu’il est possible de faire, ce qu’on peut proposer. ». 

Une soirée d’échanges porteurs d’idées et de pistes pour un avenir plus durable, qui passent par une baisse globale et nécessaire des consommations d’énergies, en modifiant les usages et en adoptant une approche concertée et systémique entre les secteurs. En route pour un 2050 plus sobre !

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