Retour sur la COP16 biodiversité - du 21 octobre au 1er novembre 2024
02 décembre 2024Rencontre avec Jean-Louis SÉVÊQUE - Expert indépendant en environnement, membre du Haut Conseil de la Santé publique, trésorier de Cinov Territoires et Environnement (TEN) et de la Fédération Cinov Hauts-de-France
Dans quel cadre avez-vous été mandaté pour participer à la COP16 biodiversité, à Cali, en Colombie ?
J’ai été mandaté par l’Organisation internationale de normalisation (ISO), car j’anime un groupe de travail sur la biodiversité (ISO / TC 331). Avec les membres de ce groupe, nous sommes en train d’élaborer le dictionnaire de la biodiversité afin de s’accorder sur le sens des termes employés quand on parle de biodiversité. J’ai aussi représenté la Fédération Cinov à la COP16, avec un double objectif. Celui d’informer les 14 syndicats de la Fédération Cinov des évolutions en matière de normalisation en général, et plus particulièrement dans la prise en compte de la biodiversité à l’occasion de l’actualisation à venir d’une série de normes internationales. J’avais aussi pour mission de promouvoir la fédération sur des thématiques porteuses autour de la culture régénérative, de la renaturation, du tourisme, etc.
Quels enseignements avez-vous tirés de cette COP16 ?
J’ai, avant tout, constaté qu’il y a une énorme demande de normalisation – tout particulièrement dans le domaine de la biodiversité, où les normes sont très peu nombreuses – et de pédagogie autour de ce qu’est la normalisation. En effet, il y a souvent confusion entre norme, loi et règlement. Alors que des millions de personnes peuvent travailler autour du même document commun, à savoir une norme ISO qui est un consensus international, beaucoup ignorent encore qu’une norme est, dans 95 % des cas, d’application volontaire. L’importance de la délégation représentant l’ISO, à la COP16, témoigne pour la première fois de la prise en compte du sujet. Reste à mettre en œuvre les moyens nécessaires pour promouvoir, entre nos économies et nos écosystèmes, une relation plus saine susceptible d’encourager la préservation de la biodiversité tout en créant des opportunités de développement durable.
Quelles sont, selon vous, les prochaines étapes ?
Les normes internationales élaborées pour la biodiversité s’articuleront autour de quatre thèmes : un langage commun, les mesures, les données, la surveillance et l’évaluation. Les normes internationales offrent ainsi des outils précieux pour transformer les engagements en actions, notamment pour soutenir les efforts mondiaux visant à lutter contre la disparition de biodiversité. Il nous faut donc déterminer les normes dans lesquelles nous allons inoculer des indicateurs en matière de biodiversité. L’ISO a identifié 549 normes au sein de 94 comités techniques (www.iso.org/biodiversity) qui interagissent avec les 23 objectifs mondiaux définis par le cadre mondial Kunming de Montréal pour la biodiversité. Il nous faut aussi développer les axes de progrès qui figurent dans le Amazonas position paper, porté en mai 2024, au Brésil, par le comité technique sur la biodiversité de l’ISO.
Quel peut être le rôle des entreprises de notre secteur ?
Les entreprises de la branche Betic doivent, sans conteste, être partie prenante de la définition des normes qui vont les concerner. La Fédération Cinov a un rôle clé à jouer en incitant ses membres à s’impliquer pour créer de nouveaux outils et améliorer ceux qui existent, dans les domaines de l’économie circulaire, du management de l’environnement ou encore du tourisme. Leur avenir dépend de leur capacité à participer à l’élaboration des lignes directrices normatives sur des aspects spécifiques liés à la biodiversité, tels que l’ingénierie écologique, les solutions fondées sur la nature et les technologies pertinentes.
Retrouvez la COP16 en photos ci-dessous :