Fréderic Lafage, Président de la Fédération CINOV prend la parole face au COVID-19
02 mars 2020INTERVIEW de Frédéric LAFAGE, président de la Fédération CINOV
Suite à la crise inédite que connaît la France, quelles ont été les principales actions décidées par la Fédération CINOV depuis la mi-mars ?
Nous avons immédiatement constitué une cellule de crise, composée de trois vice-présidents, de nos quatre cadres et de moi-même, pour être en capacité de nouer un dialogue régulier avec les pouvoirs publics, d’une part, avec nos adhérents, d’autre part. Nous sommes donc en relation avec nos ministères de tutelle, soit directement, soit par l’intermédiaire de l’UNAPL et de la CPME. Nous suivons ainsi de près la mise en œuvre concrète des mesures annoncées par le gouvernement. Par ailleurs, dans ce contexte à la fois inédit et évolutif, dans lequel les réseaux sociaux jouent un rôle parfois déstabilisant, nous mettons sur notre site Internet les informations les plus fiables et les plus précises possibles. Elles sont accessibles à nos adhérents et plus largement aux ressortissants de la branche.
Avez-vous des éléments sur la situation de vos adhérents et sur leurs besoins spécifiques ?
Les situations sont très diverses, mais il semble que personne n’ait eu à fermer son entreprise le soir même, comme dans le commerce. En revanche, les effets sont là, même s’ils sont plus induits, avec des situations économiques et humaines douloureuses. La crise révèle l’interdépendance des secteurs d’activité, si bien que tout le monde est face à un contexte nouveau, difficile et sans visibilité...
La mise en place du télétravail a constitué une première difficulté, du point de vue technique et humain ; la cessation totale d’activité de certains clients en a constitué une seconde. Nos adhérents ont aussi été déstabilisés par l’injonction paradoxale qui leur a été adressée, selon laquelle il fallait en même temps protéger les salariés et ne pas compromettre l’économie.
Dans ces circonstances, où chacun doit s’adapter, nous avons réalisé que nos adhérents avaient besoin d’informations écrites, mais aussi d’échanges directs et oraux, c’est pourquoi nous leur proposons des webinars et des conférences avec nos avocats, pour les aider à gérer des démarches sociales qui sont complexes, tout en prenant en compte la dimension humaine de la crise.
Quelles positions stratégiques la Fédération CINOV défend-elle aujourd’hui, notamment sur la question de la reprise des chantiers ?
Nous demandons régulièrement des clarifications sur différents points, ainsi que la prise en compte des spécificités de nos métiers. A l’issue des premières annonces, nous n’étions pas concernés par le fonds de solidarité et le chômage partiel, les actions que nous avons menées ont permis de renverser les choses et d’ouvrir ces dispositifs à tous. Nous sommes aussi intervenus pour que les prêts garantis par l’Etat, via la Banque publique d’investissement, bénéficient au plus grand nombre.
Pour ce qui est de la reprise des chantiers, nous demandons clairement aux maîtres d’ouvrage, publics et privés, de garantir les conditions de santé et de sécurité des collaborateurs et nous encourageons nos adhérents à être vigilants car ces questions génèrent de l’inquiétude et exigent de les étudier dossier par dossier, point par point en fonction des différentes situations.
Avez-vous une idée de l’impact économique de cette crise sur les adhérents de la Fédération CINOV ?
Une crise de cette nature et de cette ampleur est une première dans notre histoire ; nous manquons beaucoup de visibilité pour pouvoir évaluer son impact. Dans notre branche, certaines entreprises craignent de ne pas s’en remettre. Alors que l’économie semblait bien repartir depuis quelques mois, avec une bonne dynamique, tout le monde est très inquiet sur la durabilité de la crise économique qui va succéder à la crise sanitaire que nous connaissons aujourd’hui. Nous anticipons par conséquent, dès maintenant, la sortie du confinement et la reprise, qui ne pourra pas se faire de façon instantanée. Pour cela, nous mobilisons nos relais à l’échelle des différents syndicats et sur le terrain, dans les régions, pour constituer une « task-force » efficace et réactive. En effet nos entreprises de prestation intellectuelle seront un levier majeur pour la reprise des autres secteurs