Dominique Rousseau aborde la gouvernance collaborative
23 avril 2021Interview de Dominique Rousseau Président d’Attitude Consultants et membre de Cinov Conseil
A quelques jours du colloque organisé par la Fédération Cinov sur le thème « Gouvernance participative, gouvernance profitable : impliquer les multiples parties prenantes pour affronter l’incertitude », Dominique Rousseau, président d’Attitude Consultants et adhérent de Cinov Conseil, répond à quelques questions sur l’accompagnement des entreprises vers une gouvernance plus collaborative.
Quelles sont les évolutions que les dirigeants actuels doivent intégrer pour amorcer la mise en œuvre d’une nouvelle gouvernance ?
Les chefs d’entreprise sont aujourd’hui confrontés à plusieurs mutations qu’ils doivent savoir gérer pour faire évoluer leurs pratiques de management. Je pense par exemple au diktat du « court-termisme », engendré, entre autres, par les échéances électorales, les évolutions technologiques, le marché et l’influence médiatique, et qui leur impose de faire preuve d’agilité et de souplesse, alors même que l’anticipation doit rester à mes yeux la colonne vertébrale d’une bonne gouvernance. L’anticipation suppose d’être en veille permanente, ce que permet l’adhésion à Cinov, et d’avoir une gouvernance qui valorise la conception de plans de développement et l’identification d’objectifs stratégiques, au-delà de la seule exigence de réactivité à court-terme.
Les dirigeants actuels doivent aussi composer avec l’évolution des mentalités : les collaborateurs d’aujourd’hui ne sont plus attachés à l’entreprise comme nous l’étions autrefois, si bien que la gouvernance doit être en mesure d’anticiper la mobilité professionnelle qui en découle. Il existe, en outre, une certaine défiance devenue culturelle vis-à-vis des gouvernants, de l’autorité ou de la hiérarchie, qui requiert de la part des managers des efforts renouvelés pour acquérir et développer la confiance de leurs équipes. Enfin, le management doit avoir conscience de l’importance de plus en plus grande que les collaborateurs accordent à leur vie personnelle : il convient donc d’adopter des modes de management structurés permettant de les impliquer, tout en intégrant qu’ils ont aussi d’autres priorités.
Comment cela peut-il se traduire en termes de gouvernance ?
Je crois qu’il faut tout d’abord éviter d’opposer de manière caricaturale les vieux clichés de management directif et de management participatif, pour au contraire donner du sens au pilotage, à la responsabilité et à l’arbitrage, ainsi qu’aux dispositions favorisant le travail collaboratif et la mobilisation de l’intelligence collective.
Si certains collaborateurs donnent leur plein potentiel dans un espace de liberté totale, les dirigeants doivent être capables de mettre l’épanouissement de leurs collaborateurs au profit de l’équilibre économique de l’entreprise et de la satisfaction des clients, qui sont deux objectifs pragmatiques qui ne peuvent pas être éclipsés. Une fois qu’on a rappelé cette base, la gouvernance participative exige la responsabilisation des collaborateurs, au-delà du périmètre de leur cœur de métier, pour qu’ils se sentent engagés vis-à-vis de l’entreprise dans sa globalité. Enfin, je pense que la prise en compte de tous ces paramètres nécessite de déployer dans l’entreprise un fonctionnement en mode projet et de redéfinir les fonctions du « chef de projet ». Celui-ci ne devrait pas être considéré comme l’exécutant en chef, comme souvent, par exemple, dans la sphère du numérique, mais comme un animateur qui impulse une dynamique transversale, fondamentale pour une production efficiente.