Quand AMO et biodiversité font la paire

Ils étaient plus d’une centaine, ce mardi 26 septembre, sur les rangs de l'amphithéâtre du Cérema Méditerranée, à assister à cette deuxième édition de “l’AMO à toutes les étapes”. Pour cette escale aixoise, les experts invités se sont penchés plus spécifiquement sur l’angle de la sauvegarde de la biodiversité dans les projets d’aménagement du territoire et les besoins de formation associés. 
Retour en 3 temps sur cet après-midi riche d’échanges ! 

Temps 1 / S’inspirer : les grandes tendances de développement des marchés AMO

Quelles sont les niches dans lesquelles vont se développer ces marchés ? Quelques signaux faibles semblent ressortir d’une étude sur les métiers de l’AMO réalisée en lien avec plusieurs syndicats, bureaux d’études et maîtres d’ouvrages pour imaginer le futur de métiers de l’AMO. Selon Gérard Pinot, animateur du collège AMO de la Fédération Cinov, les commandes sont de plus en plus complexes, faisant ainsi émerger de nouveaux besoins de compétences et amenant l’AMO à évoluer dans son rôle et ses interventions.
3 tendances nouvelles semblent se détacher nettement : 
- L’analyse globale des risques devient une compétence centrale : les évaluer de façon précise  prend de plus de plus de place dans les demandes de la maîtrise d’ouvrage. ou alors : la maîtrise d’ouvrage en demande une évaluation précise quasi systématique . 
- Les données numériques se multiplient  et nécessitent traitement et intégration (IA, big data…). 
- L’AMO environnement n’est plus une spécialité.  Elle devient une expertise globale que doit avoir l’ensemble des professionnels du secteur.
 

Temps 2 / Échanger : AMO & biodiversité : quelles interactions aujourd’hui ? 

Le volet environnemental est devenu une condition sine qua non pour mener des projets d’aménagements territoriaux en 2023.  C’était l’objet de notre table ronde, deuxième temps fort de cet après-midi d’échanges, en présence de Nicolas GEORGES, Responsable d’études environnement, infrastructures et mobilité chez Cérema Méditerranée, Frédéric BRUYERE, Président de Eco-Stratégie et Vice-Président aux Actions en Régions de la Fédération Cinov, Isabelle Laffont-Schwob, Responsable du parcours Ingénierie Écologique (IngEco) du Master 2 Biodiversité, Écologie, Évolution, OSU PYTHEAS - Aix-Marseille Université et Marc Foveau, Directeur général des Services techniques adjoint Bâtiments et Grands équipement à la Mairie d’Aix-en-Provence, Président de l’AITF Provence.

Selon Nicolas Georges, la mission de l'AMO biodiversité est “d’accompagner le porteur de projet très en amont sur la façon de se poser les bonnes questions pour organiser les meilleurs scénarii possibles”. Bref, une intervention de la phase étude jusqu’au suivi de chantier, pour avoir une approche d’expert transversale, “afin d’apporter un éclairage et de trouver une solution dans l’intérêt du projet et surtout de l'environnement.” Si le maître d’ouvrage choisit son équipe de maîtrise d'œuvre, l’AMO joue un rôle de trait d’union essentiel entre les deux. La difficulté selon Frédéric Bruyère ? “Faire cohabiter échange et technicité, tout en faisant respecter les engagements pris, notamment environnementaux” ! D’où l'intérêt de monter en compétences et d’avoir plusieurs cordes à son arc (sols, pollution, déchets…).

D’ailleurs, au sujet de la formation, Isabelle Laffont-Schwob confirme ce constat : “les étudiants suivent des approches universitaires pluridisciplinaires pour être à l’aise partout, avec un triptyque d’objectifs en ligne de mire : éviter-réduire-compenser.”  Et bien-sûr, il faut avoir un intérêt commun pour les problématiques naturalistes, que confirment Andréa et Mathilde, étudiants en Master, et profondément passionnés par l’écologie et la protection de l'environnement. Enfin, à propos de la prise en compte des problématiques liées à l'environnement, la gestion du risque imminent (inondation, incendie) s’est transformée en contrainte réglementaire. Pour Marc Foveau, “c’est une opportunité, une vraie chance” que les collectivités et acteurs du territoire ont a priori bien saisie ! 
 

Temps 3 / Partager : rétrospective sur deux expériences emblématiques en région PACA

Partager ses bonnes pratiques et réflexions pour inspirer et mettre en mouvement la profession, c’est tout l’intérêt des retours d’expériences. Flashback sur deux collaborations qui ont porté leurs fruits.

Olivia Peyronel-Reggio, Chef de projet conduite d'opération à la Ville de Marseille et Frédéric Boeuf, Vice-président à la Transition Environnementale de la Fédération Cinov reviennent sur le projet d’aménagement de la Marina de Marseille en vue des JO 2024. Un sujet complexe à plusieurs n

iveaux selon eux pour “faire converger plusieurs programmes dans un même ouvrage, tout en s’inscrivant dans des enjeux nationaux forts et ambitieux”. Le site en milieu urbain doté de grands espaces verts, a nécessité des études d’impact importantes : comment réhabiliter et requalifier ce site, dans le cadre des JO d’une part, pour la pratique de la voile à Marseille d’autre part, de façon pérenne ? “Le milieu était très artificiel avec une problématique de protection de sols (très pollués). C’est toujours plus simple de tout détruire et reconstruire plutôt que de composer avec l’existant”, ajoute Frédéric Boeuf. On se retrouve d’ici quelques mois pour le dévoilement final !

Delphine Thibault, chargée de mission Développement durable et facilitatrice de l’Innovation, et Patrick Pequignot, service Ingénierie des Espaces Naturels Sensibles, Département du Var, reviennent sur le projet d’aménagement de l’espace nature du Plan (À La Garde, 84). Au lancement du projet en 2002, il n'a pas été jugé nécessaire de faire appel à un AMO. Un site splendide, mais gâché par de nombreux déchets et occupations illicites. Après une dizaine d'années de chantier, le site a pris un nouveau tournant : la biodiversité est protégée, de nombreuses espèces de batraciens sont de retour... Alors, un AMO, est-ce utile ? “Se passer d’un AMO n’a pas été problématique, mais sur la partie bâtimentaire, ses compétences nous auraient été précieuses, nous aurions ainsi pu faciliter l’avancement du projet avec un regard expert !“ répond Patrick Pequignot. Gérard Pinot introduisait d’ailleurs cette conférence par “L’AMO aide le maître d’ouvrage sur tous les aspects qu’il ne maîtrise pas”. Un constat qui s’avère partagé de façon concrète sur le terrain ! 
 

> Voir également : la 1ere étape de l'AMO Tour à Nancy
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