Conférence Nouvelles gouvernances et démarches participatives
15 avril 2022Retour sur l'une des conférences au Congrès de la Fédération Cinov ayant eu lieu les 6 et 7 avril 2022 avec pour thème : En transitions ! Environnementales, Numériques, Sociétales...
Synthèse de la Conférence Nouvelles gouvernances et démarches participatives du Jeudi 7 avril 2022
Intervenants
- Michel Bonetti, sociologue et urbaniste
- Emmanuelle Ebel-Jost, docteure en arts du spectacle
- Léonard Querelle, Président de Cinov Ergonomie
- Jacques Perotto, Président de Cinov SYPAA
Les échanges ont porté sur la complexité des nouvelles gouvernances qui se mettent en place, sur les nouvelles organisations ainsi que sur les différentes formes de participation dans l’élaboration des projets à travers les témoignages d’un sociologue, d’un ergonome et
- Michel Bonetti, sociologue et urbaniste a exposé l’intérêt d’impliquer tous les acteurs de la chaîne tout au long des projets. à la conception et à la conduite des projets. Il nous explique que la faible représentativité des usagers impliqués dans les processus de participation est un faux problème. Et qu’il s’agit d’une mauvaise procédure intentée à la participation.
La participation s’inscrit dans une démarche de programmation générée par les échanges et les interactions entre les différents acteurs impliqués dans son élaboration. Elle est essentielle pour que les projets soient adaptés aux modes de vie et aux pratiques sociales des usages. Elle crée de la confiance, développe les compétences des usagers et améliorer les relations sociales. Le sociologue considère en revanche que la faible représentativité des usagers impliqués dans les processus de participation est un faux problème. La démarche de participation se heurte à des limites dans la mesure où elle véhicule une vision angélique (tous les usagers vivent en harmonie et recherchent le bien commun) alors qu’ils ont tendance à adopter des postures revendicatives, à se focaliser sur leurs enjeux personnels et proposer des solutions inadaptées et irréalistes. C’est pourquoi il est indispensable de bien organiser le processus de participation en impliquant en amont les usagers et en adaptant la forme de la participation au contexte, à l’identification des problèmes à traiter plutôt qu’aux solutions à mettre en œuvre et aux compétences des participants.
- Emmanuelle Ebel-Jost, docteure en arts du spectacle, s’interroge sur la gestion de la complexité engendrée dans les approches projets et s’appuie sur la littérature pour nous apporter un éclairage. Elle fait d’abord la distinction entre une situation compliquée dans laquelle nous savons trouver une solution, et une situation complexe pour laquelle nous savons que la solution unique ne peut être trouvée et qu’une décision doit être prise. Certaines organisations sont régies selon un modèle « d’anarchie organisée » selon le concept développé par M. Cohen, M. March et M. Olsen, et qui se caractérisent par l’absence d’objectifs clairs, cohérents et qui sont contradictoires, le processus de production relève d’une technologie floue et où la participation des membres est fluctuante et plus ou moins active à la décision. Dans cette anarchie organisée, il n’est pas besoin qu’un problème soit posé pour que les acteurs mettent en avant une solution. La plupart des acteurs sont porteurs d’une solution a priori, qu’ils vont essayer de « placer » à l’occasion de l’émergence d’un problème.
Dans un article intitulé « Le rôle du « bullshit » dans nos organisations », le professeur A.Spicer, observe que la vie d'une organisation repose en grande partie sur la création, la circulation et l'utilisation de paroles et de textes, dont la majorité ne sont aujourd'hui que du “bullshit”. Cette pratique peut ainsi avoir des conséquences négatives en termes d’efficacité de la prise de décision et défiance des parties prenantes
- Léonard Querelle partage son approche des nouvelles gouvernances en tant qu’ergonome. Il insiste sur l’un des principaux enjeux de la participation qui porte sur la confrontation (entendue comme l’action de rapprocher des choses, de les comparer en les opposant) des points de vue, des représentations. La rencontre est indispensable à la démarche participative qui vise la construction du changement. La participation est un moyen essentiel pour que les projets soient adaptés aux modes de vie et aux pratiques sociales des usages. Chaque citoyen usager développe par son usage quotidien d’une infrastructure, une expertise indiscutable qu’il importe de prendre en compte. Il rappelle la nécessité de disposer d’un objet (un plan, une organisation, etc.) qui sera le martyr de la confrontation. Léonard Querelle explique l’apport fondamental des ergonomes aux projets dans leur capacité à construire le problème.
- Jacques Perotto, illustre les nouvelles gouvernances à travers la programmation. Cette dernière relève d’une démarche professionnelle (améliorer un commun, créer un changement, désirer une nouveauté), de reconnaissance (des états des lieux, des existants, des espaces, des unités humaines constituées et des patrimoines) et méthodologique (comprendre un contexte et l’évaluer, hiérarchiser des priorités et les contractualiser (des exigences) et exprimer un devenir partagé et le faire-vivre (des besoins) de projet à l’échelle de la construction ou de l’aménagement. Il s’agit d’une démarche participative qui relève aujourd’hui d’un système de management. Les programmistes ont été des contributeurs à la mise en place de référentiel et de démarches environnementales. Par exemple, la démarche HQE initiée il y a 30 ans pose la question du diagnostic, avec des démarches renseignées, hiérarchisées et après la mise en place d’une stratégie d’actions. Comme le conclue Jacques Perotto, la démarche de programmation, « c’est comme l’omelette au lard, la poule participe mais le porc investit ».
Retrouvez la synthèse de la Conférence : La transformation numérique du Jeudi 7 avril 2022