Suite à la publication au Journal Officiel des textes encadrant l’obligation d’un audit énergétique pour les logements énergivores à vendre, le syndicat Cinov Ingénierie salue les avancées du gouvernement en matière de rénovation énergétique, dans une période où les consommations d’énergie sont plus que jamais au centre des préoccupations des français. Néanmoins, le syndicat Cinov Ingénierie regrette la non prise en compte des recommandations et avertissements exprimés par les acteurs du secteur.
Un manque d’anticipation et de préparation dans l’élaboration de l’audit énergétique
Le 5 mai 2022, le syndicat Cinov Ingénierie a pu constater que les apports des experts et professionnels n’ont pas contribué à la construction de cette mesure réglementaire. Alors que les précipitations autour du nouveau DPE ont déjà coûté aux propriétaires près de 9 millions d’euros, les représentants de l’ingénierie ont largement alerté en phase de concertation sur le calendrier de mise en œuvre de l’audit énergétique. Le syndicat estime notamment que la date d’entrée en vigueur de l’audit énergétique réglementaire au 1er septembre 2022 n’est pas un délai suffisant pour former les professionnels nécessaires à la mise en place de cette nouvelle obligation et développer les logiciels correspondants. « Les éditeurs de logiciels ne sont pas encore prêts et la Direction de l'Habitat, de l'Urbanisme et des Paysages (DHUP) prévoit une période de tests pendant la période des congés d’été. Au sortir d’une difficile période de confinement, réaliser ces phases de tests pour une mise en œuvre en septembre semble mener inévitablement à l’échec », alerte Julien Garnier, administrateur du syndicat Cinov Ingénierie. Outre le délai d’application, le syndicat s’inquiète d’un texte qui laisse entendre que l'objectif de la rénovation d'une passoire thermique est de le convertir en classe D ou E. Ce type de démarche amènera à des travaux de piètre qualité et à l'installation de systèmes de chauffage, qui resteront énergivores. Le syndicat Cinov Ingénierie a proposé de revoir les objectifs, en défendant une rénovation performante en une fois et à coût maîtrisé. Force est de constater que les retours d’experts sur la baisse des consommations énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre n’ont pas été pris en considération, du fait des seuils retenus dans ce décret.
Il est encore temps de mettre en place une politique de rénovation pragmatique et efficace
Pour les représentants de l’ingénierie, la sensibilisation des futurs propriétaires à la performance énergétique de leur bien, constitue un facteur clé de réussite des travaux de rénovation. Au moment où les taux d’emprunt et la facture énergétique augmentent fortement, il est nécessaire de sensibiliser les acquéreurs à une logique de coût global, c’est-à-dire au-delà du prix d’achat, les charges liées à l’énergie, la santé ou la résilience. Alors que les particuliers ont besoin d’un partenaire de confiance pour leur rénovation, les textes réglementaires autour de l’audit énergétique induisent une confusion entre un diagnostic incitatif obligatoire imposé au vendeur et un audit énergétique volontaire, réalisé par un professionnel hautement qualifié. A noter qu’un prestataire en ingénierie qui réalise un audit de qualité permet de sécuriser l'orientation du particulier vers des travaux plus adaptés auprès d'entreprises compétentes, locales et impliquées. L’incitation à la rénovation et sa massification doit être portée par des dispositions claires, des mécanismes simples et lisibles pour les bénéficiaires. Or, le secteur redoute les effets engendrés par les maladresses des textes réglementaires. Le syndicat Cinov Ingénierie appelle ainsi le futur gouvernement, en particulier le Premier ministre en charge de la planification écologique, à revenir sur ces dispositions dans un objectif de résultat qualitatif et pérenne.